À l'exception de certaines zones trop froides pour y être habitées, notre espèce s'est aujourd'hui répandue avec succès sur toute la planète. Alors que les chercheurs continuent à explorer les voyages de nos ancêtres à travers les continents, de nombreux aspects restent controversés : la ou les voies empruntées, quand, comment et dans quelles conditions ?
Des données archéologiques, paléoanthropologiques et génétiques récentes provenant de tous les continents de l'Ancien Monde suggèrent une succession complexe d'espèces d'homininés entre les derniers un et deux millions d'années, avec des expansions et des migrations de populations, ainsi que des contractions et des retraits, sur fond de fluctuations climatiques qui ont façonnées les environnements de notre planète au cours du Pléistocène. Tout au long de cette immense période, les hominides ont fréquemment utilisé le Levant, le principal - ou potentiellement le seul - pont terrestre qui a relié l'Afrique, l'Asie et l'Europe. Même si notre compréhension des mouvements des hominides à travers ce pont terrestre a été, et continue d'être, fortement enrichie par l'exploration en cours de sa partie sud, notre compréhension reste entravée par la quasi-absence de recherche sur sa partie centrale , la «clef de voûtes» : le Liban.
Les archives paléolithiques libanaises (depuis environ 3 millions d’années et jusqu’à 10 000 ans) ont un réel potentiel pour affiner les récits de dispersion de nos ancêtres. Ceci est clairement illustré par les résultats de plusieurs recherches et de quelques fouilles menées dans le pays, principalement au cours de la première moitié du 20ième siècle. Ces projets ont révélé une abondance de sites dont la culture matérielle couvre l'ensemble du paléolithique (Fig. 1). Les sites les mieux explorés ont également présenté des assemblages de faune, ainsi que des restes d'homininés. Malheureusement et malgré le grand potentiel de ce matériel pour fournir des informations sur le comportement et les adaptations des hominidés et pour attribuer des capacités comportementales aux différentes espèces d'hominidés, la guerre civile libanaise (1975-1990) a stoppée toutes les activités de recherche prévues.
Le projet ERC-Consolidator REVIVE (2021-2026) reprendra là où les travaux se sont arrêtés il y a plusieurs décennies et les fera avancer en utilisant les méthodologies de pointe dont nous disposons aujourd'hui. REVIVE vise à exploiter le potentiel des sites et du matériel paléolithique libanais en fournissant des indices sur les occupations humaines et les migrations dans cette région, et donc à combler le vide géographique dans l'exploration de la préhistoire levantine.